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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 18:38

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La compagnie d'un chien demande quelques exigences et Jérôme qui aimait son lit le matin, en était à oublier sa paresse pour les beaux yeux de son Bouvier des Pyrénées. Ce dernier avait une horloge dans la vessie.

A sept heures tapant, l'imposant toutou avec une voix de stentor lui intimait l'ordre de l'accompagner à sa promenade journalière. Pas moyen d'y échapper ou de faire semblant de dormir, car 50 kgs de chair et de poil s'abattaient sur le lit dans un délire de calins désordonnés. Rien ne pouvait empêcher ce bolide de servir de réveil matin. Jérôme blasé obéissait, toute dérobade lui était impossible.

Cet animal était un coup de coeur de Maud. Elle était tombée sous le charme d'une sympathique boule de poil et de deux grands yeux envoûtants.

Quatre années déjà ... Mais pour lui, c'était encore hier. Maud ravissante tenant dans ses bras sa trouvaille et lui la bouche béante, catastrophé.

- Ma chérie ! ce chien va être énorme, rends toi compte, dans notre appartement... c'est de la folie !

- Mais non ! mon ange mais non ! Il est si mignon, si chou, je ne sais plus bien la marque, mais il est si trognon !

Ca c'était Maud. Désarmante avec ses mots à elle, ses émotions communicatives et son humour contagieux. Il l'aimait tant qu'il en vint à aimer spontanément ce futur sumo des chiens. Après tout, il verrait bien. Elle l'appela Barouf, car il commença par en faire beaucoup.

Le port s'éveillait sous la tramontane estivale à peine frissonante, seuls le cliquetis dans le haut des mâts signalaient sa présence. Mes cloches tibétaines disait Maud. Ces mâts fiers lançaient comme des centaines de prières dans l'air frais du matin.

Maud et ce départ si brutal de son existence, Maud et sa foi en la vie était partie vers ses étoiles le laissant brisé.

Un matin on lui annonça l'accident... Un camion lui avait coupé la route... Tout avait été si rapide...

Maud et ce Dieu qu'elle espérait, sa foi profonde et sa merveilleuse générosité. Elle qui lui disait : " Nous sommes liés jusqu'à l'infini des temps, celui qui partira le premier reviendra par delà les ténèbres prendre la main de l'autre. "

Elle est sa poèsie des mots qui lui disait avec passion : " Reculons l'horizon à chacun de nos pas et comme un soleil flamboyant, allumons de notre Amour tout l'univers".

Deux années sans elle, deux années à chercher sa main tendue par de-là les ténébres. Sa foi s'amenuisait et Dieu lui semblait si lointain.

Perdu dans le labyrinthe de ses pensées chagrines, il fut surpris d'entendre le jappement caverneux de Barouf. Ce dernier venait d'apercevoir un énorme poisson mort près des filets de pêche entassés sur le quai. Il lui annonçait à sa façon sa trouvaille. connaissant les moeurs de son compagnon à quatre pattes, il poussa de la pointe du pied le poisson et le remit dans son élément. Un pelage parfumé d'effluves aigres et saumâtres n'était pas bien venu par cette chaleur estivale.

- vous avez un chien magnifique, c'est bien un bouvier n'est-ce pas 

Surpris par cette interpellation, il se retourna, face à son interlocuteur, il ne pût s'empêcher d'acquisser et de sourire.

En tendant la main, Jérôme se présenta spontanément à cet homme qui venait d'attirer sa sympathie.

Il avait une soixantaine d'années et sous son auréole de cheveux blanc, dans un visage a peine marqué, deux grands yeux bleu d'une extrème limpidité, d'où émanait un attachant sourire.

Il s'avéra qu'il avait un point important en commun, la mer. Ils se mirent à converser comme de vieux amis de leur passion réciproque. Ils se virent chaque matin et après une semaine d'amicales discussions, l'homme avec beaucoup de courtoisie, invita Jérôme chez lui afin de lui faire admirer sa collection de maquettes de bâteaux.

- Je vis chez ma fille depuis son veuvage dit-il ma pauvre enfant a perdu  son mari dans un accident de la route voici deux ans. Elle a beaucoup changé depuis cette terrible épreuve, d'autant qu'elle a passé plusieurs semaines dans le coma. Toujours aussi charmante mais combien différente.

Il lui donna rendez-vous le lendemain soir.

Jérôme acheta un bouquet de rose jaune très parfumées et à l'heure indiquée, il sonna chez son nouvel ami.

Une jeune femme à l'élégance décontractée vint lui ouvrir.

- bonjour ! que me vaut cette visite avec de si jolies fleurs, ce n'est pourtant pas ni ma fête ni mon anniversaire di-elle en souriant.

Puis de rajouter

Vous vous étes surement trompé d'adresse ! Je suis Laura Vatier dit-elle en lui tendant la main. Confus devant tant de verbiage, il se présenta très gauche face à sa désinvolture.

- Jérôme d'alban, je suis attendu, on m'a demandé de venir admirer une collection de bateaux.

Sans répondre, elle le prit par le bras et le fit entrer dans une vaste pièce emplie de superbes maquettes.

Laissez moi deviner ! C'est ce brave Monsieur Devlin qui vous envoie, ce ne serait pas la première fois.

- Il ne m'a dit...

- Ou alors le notaire de mon père, Maître lantier !

Jérôme ne pouvait rien lui expliquer, elle était si volubile, si spontanée qu'aucun mot sorti de ses pensées n'avait le temps de franchir ses lèvres.

Elle lui faisait penser... Elle lui rappelait...

- Venez ! Il y en a encore dans le petit salon d'a côté.

Il la suivit et resta figé, car sur le mur en face de lui, un portrait à l'huile d'un homme, qu'il connaissait bien, souriait.

- Mais c'est lui ! C'est votre père !

- Ah vous connaissez mon père, depuis qu'il est parti, je suis parfois morose. Il était si gai, si vivant.

- Il ne vit plus chez vous, pourtant j'avais cru comprendre qu'il vivait dans votre demeure.

- Oui c'est vrai il vivait près de moi depuis son veuvage. Mais il est décedé, voici quelques mois.

- Quelques mois.. Mais c'est impossible... il était encore avec moi!

Sa phrase n'alla pas plus loin, cette situation était dépourvue de sens. Il ne devait pas en dire plus à cette jeune femme, ou il passerait pour un être dérangé.

- Vous le connaissiez bien il me semble. C'est tout de même étrange qu'il ne m'ait jamais parlé de vous.

Afin qu'elle ne vit pas le trouble angoissant qui l'envahissait, il prétexta un rendez-vous et s'enfuit au pas de course. Il avait besoin de retrouver ses esprits loin d'ici.

Cette histoire était aberrante, personne ne le croirait s'il s'avisait d'en parler. Il avait sympathisé pendant une semaine avec un homme qui n'existait plus depuis plusieurs mois. C'était de la folie.

De crainte de revoir l'ami du port, il ne s'y aventura plus. Barouf se contenta d'une balade dans un square pres de chez lui.

Pourtant il ne sut pas trop comment, il se retrouva devant la villa de la jeune femme quelques jours plus tard. elle était à arroser les rosiers de son jardin. Elle le gratifia de son charmant sourire un tantinet moqueur.

- Vous me reconnaissez lui di-il bètement. Moins a l'aise qu'elle derrière son ironie.

Elle éclata d'un rire chargée de moquerie.

- Bien sûr que je me souviens de vous ! Je n'ai pas oublié la façon peu cavalière dont vous avez pris congé lors de notre précédente entrevue, soyez rassuré, je ne vous en ai pas tenue rigueur. Mais que vous avai-je donc fait ?

Sa faconde, son ton enjoué le rassura et il rit avec elle.

 


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  • : j'ai mis dans mes cahiers un nombre incalculable d'idées,latence en souffrance qui ne demande qu'à faire surface.J'ai décidé de créer ce blog aujourd'hui afin d'exhumer tous les sympathiques cadavres, pas vraiment morts du reste qui me narguent derrière chaque porte de ma demeure intérieure. Allez bon, Je vous fait visiter.
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